Magistrale émission (rediffusion) ce matin sur REPLIQUE avec Alain Finkielkraut sur France Culture.
EDITH WHARTON et son roman se passant pour une fois en milieu rural, ETHAN FROME.
L'intensité dramatique à son apogée mais surtout les bonnes questions du Maître Finkie à la nouvelle traductrice de ce roman dans lequel la dramaturgie est inégalée.
Je vous conseille de réécouter cette émission si vous aimez la littérature mais aussi pour la question qui m'a semblé la plus importante en fin d'émission.
Nous avons tant aimé ces écrivains que nos professeurs et notre entourage nous enjoignaient de lire et nous avions appris à décoder une époque, ses codes sociaux rigides pour mieux nous transporter mentalement dans celle-ci.
Aujourd'hui, ces romans indispensables tant pour ce qu'ils racontent des sociétés anciennes que de l'histoire, du rapport à l'argent dont Balzac a fait grand cas dans sa Comédie Humaine, seront-ils encore lus, appréciés, compris par les générations futures voire la génération d'aujourd'hui ?
En une seule phrase, comme s'il répondait à notre question par télépathie, Maître Finkie demande à la traductrice se définissant comme née après 68 et avide de littérature comme celle de Wharton ou de Henry James.
Voilà que ça tombe comme un couperet :
"Mais...Au moment où partout on peut entendre la phrase telle une sentence implacable : "IL N'Y A PAS DE MAL A SE FAIRE DU BIEN", ne sommes nous pas à la fin de la lecture et relecture de ces merveilleux romans ?".
Tout le mal civilisationnel dans cette phrase vient de nous éclater dans la figure bien que nous n'augurions rien de bon depuis des décennies.
Le tout images et audios ainsi que la maxime consistant à se procurer tout, tout de suite, au nom de la libération qui n'en est pas une en fait, des mœurs, tendent à être très pessimiste.
Qui n'a pas eu envie que son enfant vibre sur les textes merveilleux de nos classiques ?
"Comment peux-tu comprendre si tu ne sais quels chemins nous avons empruntés ? Il n'y a pas de GOOGLE MIND pour t'indiquer les routes de l'esprit. Pire encore...L'effort est inutile donc ton cerveau ne deviendra qu'un tissu de connexions binaires et les études de mœurs ne se feront que sur la toile des faits divers et du buzz."
Voilà cher enfant, si tu me lis, ce que je tente de te dire depuis si longtemps.
Mes passions folles pour mes écrivains, leurs romans, leurs nouvelles et leurs vies sont autant de constructions mentales qui m'aident à mieux décrypter (sans doute de façon trop pessimiste à ton goût) les horreurs à venir.
Nos "grands" nous ont appris à frémir, aimer, haïr parfois tant de personnages, d'histoires des sociétés, d'histoire tout court que nous sommes désarmés pour vous faire comprendre ce que vous ratez.
Alors mon fils chéri, je ne vais pas te la jouer Kipling : "Tu me poses des questions souvent, je te donne des références et tu t'énerves mais si tu veux grandir mieux et plus fort : LIS MON FILS ET TU SERAS UN HOMME !
PS : Désolée les aminches, un petit compte à régler avec ma progéniture.