DOUCEURS MAROCAINES

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Messagepar Nina » Avril 1st, 2011, 10:38 pm

Ecrit par MAROCK

Quelques souvenirs dont nous fait part l'ami Marock qui connait très bien le terrain. Une parmi tant d'autres réalités dans ce pays couru par les stars du monde entier, cachant ses misères dans ses ruelles étroites, à l'abri des touristes :

Les gamines esclaves, ça m’a toujours assez révolté.

« Bien sur, l’esclavage existe encore, au XXIème siècle.

Rien qu’ici, au Maroc, les gens « évolués » ont tous leur petite bonne, entre 8 et 12 ans.
Le plus souvent de couleur noire.
Qui porte sur son dos le fils de la famille, à peine plus jeune qu’elle.
Qui dort sur le balcon. (il fait froid pourtant, en hiver, ici)
Qui, vêtue d’une simple étoffe de coton, dans cet hiver, descend 4 étages, 40 fois par jour, aller chercher une bouteille de coca, un pain, de la menthe, chez l’épicier.

Mais rassurez vous, généralement le père de la famille ne la touche pas. Lui, il a souvent sa vieille nourrice, de même couleur, pour assouvir ses instincts.

Non, elle sert seulement de lieu d’entraînement pour les fils qui, eux, auront un jour à épouser en grandes pompes une vierge certifiée.

Tiens, je vais vous faire rire : Un soir, dans un camping, j’en ai vu une, de ces petites, noire bien sûr, qui dormait par terre, sur les cailloux, devant une tente. Il fait froid, la nuit.
A mon approche, elle a ouvert les yeux, m’a souri. C’était étincelant.
Je me suis dit : "Comme un chien de garde."

Et le lendemain, j’ai vu sortir un chien de la tente, il avait dormi à l’abri, lui, avec ses maîtres. »

C’est pas ceux qui vendent (louent) leur enfant qu’il faut taxer.
Ceux-ci sont des gens de montagne, miséreux absolus, qui n’ont que cette unique ressource pour survivre. Sais-tu qu’on meurt encore de froid et de faim, là haut ?
Non, ceux qu’il faut punir, ce sont les employeurs.
Ça commence, des associations se sont créées (à l’initiative de femmes, surprenant n’est-ce pas ?)
Et les procès ont commencé, avec prison ferme à la clé.
Malheureusement pour le moment ce n’est que pour motif de violences.

Petit poucet rêveur, je garde confiance.
On va réussir un jour à s’arrimer au XXIéme, il suffit de pas être pressé.
Certainement grâce au Roi.

Je persiste et signe, républicain, laïc mais réaliste.

Marock
Nina
 
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 2nd, 2011, 8:34 pm

Tu veux une suite, Nina ?
Que je pourrais titrer ainsi :
"Racisme anti juif, polygamie, surnatalité, misére neuronique des intellos, misére réelle du peuple."
Alléchant, n' est il pas ?
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Nina » Avril 2nd, 2011, 8:38 pm

ET COMMENT !

Tu écris et nous publions mon ami !
Nina
 
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 2nd, 2011, 8:44 pm

Mais où envoyer ça ?
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 2nd, 2011, 8:47 pm

Festival national du film de Tanger.
Faut expliquer ce que c’est, ce festival. C’est la rencontre de tout ce que le ciné marocain compte de personnalités du domaine.
On s’autocongratule, on se décerne des prix, des lauriers à grands coups de patte dans le dos en bouffant des petits fours, tout ça dans une profusion de chaleur humaine.
Faut dire qu’il en faut, de la chaleur humaine, pour affronter les éléments l’hiver à Tanger.
Bref, un autoconsensus général.

Sauf une fois, ça a coincé.
Une jeune nana est venue présenter son premier film : « Marock »
Léger, gentillet, fleur bleue, l’amour naissant entre deux adolescents l’année du bac, bref, « La boum » transposé à Casa.
Scandale général, appel à la censure de la part de tous les participants.
On aurait pu penser à une réaction de misogynie de quinquagénaires décatis, dont l’inspiration est plus proche de Godard ou de Resnais que de Tati ou de Mocky.
Non, c’est pas ça le problème : La marocaine est musulmane et le marocain il est juif. En plus ils font pas le ramadan.
Les mots qu’on a entendu : « Atteintes aux valeurs sacrées de la nation, appel à la dépravation de notre jeunesse, complot sioniste, aussi. »
Résultat des courses, à force de faire un tel foin, non seulement le film a pas été censuré, mais il a fait plus d’entrées en salle que ceux de tous les autres participants réunis.

Festival de cette année. Pluie, vent et frimas. Toujours. Un hiver à Tanger, un vrai roman.
Un cinéaste marocain vient de faire un film sur les palestiniens, réfugiés, nakba, tout ça, de quoi faire chialer dans les gourbis.
"Au-delà de mes opinions politiques qui ont été toujours en faveur du peuple palestinien, j'ai essayé de confronter différents points de vue, différentes histoires pour voir ce qu'il peut en ressortir"
« Le cinéaste, qui s'essaye pour la première fois au genre documentaire,
s'est attaqué à l'un des sujets qui marque la conscience des Marocains: le
conflit israélo-palestinien. »

Sur que ça doit marquer leur conscience aux marocains, ils ont que ça à penser ?

Ça toque à la porte du jardin.
Je vois. Une femme qui cherche du boulot.
« J’ai six enfants à nourrir »
Dans la bonne moyenne, pas de quoi en pleurer.
« Mon mari, lui, il en a sept »
Plus rien peut me surprendre. Je lui demande, malgré, quelques précisions.
« Quand je l’ai connu, il était marié, quatre gosses, il a voulu divorcer. Quand il a su le prix du divorce, il a préféré me prendre comme deuxième femme. Alors, j’ai voulu faire aussi bien que la première, mais elle voulait garder son avance. On en est à six pour moi, sept pour elle. »
Je me dis, il doit être cadre supérieur dans l’administration, pour réussir à nourrir un troupeau pareil.
« Il tire l’âne qui tire la charrette qui ramasse les ordures »
Je m’étais pas trompé de beaucoup. Il doit toucher dans les mille dirhams mensuel.
Si il veut emmener la petite famille en balade, il lui faut un autocar.
Et pour lui et son voisin, éduquer un peu la tribu, il faut une classe, et l’ instit qui va avec.
Du moins, selon les normes européennes.
( Une copine m’a dit c’est après midi, ça m’a rassuré, les filles vont pas à l’école)
Enfin, l’amour, on peut pas expliquer. Elle a flashé sur le beau cow boy, le jour où il a réussit à enfourcher son âne.
Seize estomacs à satisfaire, ça doit pas être évident tous les jours.
Petit calcul :
La viande, 100 Dhs le kilo, y compris les os.
Les tomates à 16 Dhs, la sécheresse a pas encore fait ses effets, mais les vendeurs déjà ils ont anticipé.
Reste le pain, l’huile, quelques olives, le sucre et le thé. Subventionnés, que les gens crèvent pas de faim.
« Et tu voudrais gagner combien ? »
« 25 Dhs, pour une matinée »
Honnête, le prix du marché.
Si je propose 30, demain j’ai une émeute devant la maison.

J’ai pas voulu lui saper plus le moral encore plus, en la questionnant sur ses pensées intimes envers le conflit israélo-palestinien.

« Que Dieu te garde. »
Marock
 
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Nina » Avril 3rd, 2011, 2:51 pm

MAROCK

Ceci est TON fil et tu peux l'alimenter à ton rythme. Tout le monde pourra lire et/ou commenter.
Je te suggère cependant en deux lignes de te présenter pour que l'on comprenne comment tu as pu jusqu'à présent faire toutes ces observations.
Amitié
Nina
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marie » Avril 9th, 2011, 8:10 pm

La suite please , la suite , j'adore tes talents de conteur :D
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 12th, 2011, 8:38 pm

Me présenter ? Je ne sais pas faire, étant trop modeste.
Je préfère citer un article du « Dromadaire Libéré » :

Nous avons enfin pu rencontrer ce maître de l’ écrivaillance, le plus grand du XXIéme siècle.
(Enfin, selon lui).

Dans une tanière enfumée, entre deux chopes de houblon fermenté, ce qui trahi bien ses origines, nous sommes parvenus à lui arracher ces quelques confidences :

« Maître, pourquoi vivez vous dans ce pays, qui sommes toutes, n’ est pas un parangon de modernité ? ».
« J’ aime bien, c’ est un très beau pays, des gens sympas en général, et il suffit d’ ouvrir les yeux, regarder la vie avec détachement pour en rigoler à chaque instant. »

« Maître, mais encore ? »
« Vous savez créer le comique, l’ absurde, l’ irrationnel en chaque circonstance. Si Kafka était marocain, il ne serait pas écrivain, mais un simple observateur qui relate le quotidien »

« Maître, par exemple ? »
« Juste, regardez par la fenêtre, cet âne qui vient de se détacher de sa charrette, qui se faufile entre les bagnoles, avec son proprio qui le poursuit, mais en tirant son bien le plus précieux, aidé en cela par deux braves flics qui poussent par l’ arrière. Quand pensez vous qu’ ils vont le rattraper ? Même Jacques Tati aurait pas su inventer une scène pareille. »

« Maître, quelles sont vos influences littéraires ? »
« Aucune. Ou peut être San Antonio, Rabelais aussi, ainsi qu’ un autre dont je ne peux citer le nom. »

« Mais, Maître, Proust et Sartre sont de grands auteurs ! N’ avez vous jamais lu ? »
« Si, erreur de jeunesse. Assez insipide et nauséeux. Le Marcel, des volumes entiers pour expliquer que Dudule encule Tatave, ça fait beaucoup, vous trouvez pas ?
Le ténia, agité dans son bocal, trois bouquins pour courageusement raconter qu’ il serait bien aller faire la guerre d’ Espagne, mais que ses pieds plats et sa vue basse l’ en empêchaient. »

« Pour en finir, Maître, la poésie ? »
« Sauf Rimbaud et Lautréamont, de laborieux besogneurs dans leur carcan, tentant en douze pieds et deux rimes d’ exprimer une vague émotion. Vous pouvez en constater le lamentable résultat en ouvrant n’ importe quel sonnet, du Aragon par exemple. »

« Maître, merci de nous avoir accordé vos précieux instants, il nous faut vous quitter à présent. »
« N’ oubliez pas de régler l’ addition avant de partir. »
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 14th, 2011, 2:34 am

Téléphone. Je décroche, dis rien. Je reconnais la voix.
« Je t’ invite à prendre l’ apéro, ce midi. »
Je le sens bien, ce Faouzi. C’ est pas son genre d’ inviter comme ça. C’ est le genre plein aux as, mais lâcher un fifrelin, ça lui arrache le cœur. En plus, il est inculte total.
Je me suis toujours demandé si il était aussi bête que ça. Ou alors il force le trait, c’ est pas possible d’ être aussi débile.
Il a un service à me demander, je devine. Gratos, bien sur.
Faut que je passe dans son quartier, toutes façons. J’ ai rien à perdre.
Et il y a longtemps que je n’ ai pas sondé l’ imbécillité incarnée dans un bipède.
Je me suis pas gouré, rien qu’ à son ton tout mielleux.
« Sois le bienvenu, prend un siége, je vais te servir un scotch. Tu veux des glaçons avec ? »
Ça commence , l’ apéro de con. Avec l’ autre dans le rôle principal.
Son whisky, c’ est pas un Scotch, c’ est un Glen. Et mettre des glaçons dans un Glen !
Comme m’ avait remarqué un vieil écossais rencontré dans un pub d’ Edimbourg : « Je mets des glaçons dans votre Cognac, moi ? »
Il m’ avait enseigné, comment on boit un Glen, cet esthète des estaminets. Une pinte, un Glen dans un petit verre ballonné, déguster et verser les dernières gouttes dans la bière, en recommander un autre. Ainsi de suite, la pinte devient assez détonante.
Mais revenons à notre sujet d’ étude, le dyslexique des neurones.
« A propos, j’ y pense, j’ avais un truc à te demander. ».Nous y voici.
« Comment ferais tu pour… »
« Je ferais comme ça, ou alors comme ça, peut être aussi comme ça. »
Conseil gratuit, pas cher. Il a rien pigé. Je le trouve troublé. Ça me réjouit quelque part.
J’ ai oublié de préciser, c’ était à une époque de conflit vers l’ Est de chez nous. Un plomb durci, si je me souviens bien.
Il attaque, comme ça. « Tu te rends compte, ce massacre de pauvres civils par une armée de tueurs ! »
Je suis au courant de cette guerre, je réponds rien, je fais pas de politique, je garde mes opinions pour moi. Mais il insiste :
« Les juifs marocains, soit ils prennent parti pour Gaza et contre Israél, soit on les éjecte dans leur pays. »
Ça , c’ est le genre de truc à me faire bondir.
« Quel pays ? »
Ça l’ interloque. D’ habitude j’ évite de parler de ça, pour pas me fâcher, mais je vois l’ occasion de me débarrasser d’ une « amitié » encombrante.
« Dis moi, toi tu es le pur arabe, arrivé avec Oqba et ses 700 cavaliers ? »
Il opine (je ne ferai pas de mauvais jeux de mots avec les montures)
« Quand ils sont arrivés dans ce pays, tes ancêtres, il y avait personne ici ? Des gens qui habitaient un pays boisé dont ils respectaient les forêts, qui cultivaient tranquille leur lopin, en compagnie d’ autres qui leur ont enseigné le tissage, l’ orfèvrerie, plein de choses aussi »
Il maugrée, je comprends vaguement, il avoue difficilement :
« Quelques berbères ? »
« Et pas de juifs ? »
« Peut être un peu aussi, des colporteurs de passage. Si ils sont 3.000 maintenant, c’ est qu’ils étaient pas beaucoup avant. »
Que répondre à ça ? Pleurer ?
Non, juste une estocade, finale.
« Je vais te dire, je suis juif. »
« C’ est pas possible, tu es européen, et en plus mon ami ! »
Plus pour longtemps, je le sens.
« Tu veux voir ? » je forfante en me levant.
« Non, non, ma femme et ma fille vont rentrer d’ un instant à l’ autre. Elles pourraient se fourvoyer sur nos relations.»
Sauvé par le gong.
Sur ce, nous nous quittâmes, un certain gel s’ installait entre nous.
Bon débarras, une relation dérangeante en moins.
Mais avec sa mauvaise langue, il a répandu le bruit partout.
Et comme ici, tout ce qui est européen est chrétien, me voici devenu « Le Chrétien Juif. »
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Re: DOUCEURS MAROCAINES

Messagepar Marock » Avril 19th, 2011, 10:00 pm

En ces fêtes de Paques communes entre juifs et chrétiens, il est à signaler que nous aussi avons des moments de réjouissance.
Sauf que ça dure plus longtemps, presque un mois solaire.

Ramadan, mois sacré, de recueillement, de ferveur religieuse, d’abnégation, d’amour de son prochain, autres saintetés.
Oui, les premiers jours, on arbore un visage de béatitude épanouie tel un martyr en attente de canonisation.
On attend vaillamment la grande nouba nocturne, on fume plus, ça peut faire que du bien, on fait du sport avant le ftour, bien couvert sous le cagna de préférence, ça doit éliminer les toxines accumulées la nuit précédente.

Une demi-lunaison s’est écoulée, on attaque la troisième semaine.
Déjà août il fait pas tiède, mais Dieu le miséricordieux a décidé, dans sa grande clémence, de nous gratifier d’un chergui bien brûlant, histoire sans doute de harisser l’ambiance.
Le thermomètre est monté si haut qu’il faudrait une échelle pour aller voir combien de Celsius
il ose avouer.
Même les mouches se reposent.

Le recueillement s’émousse comme une bière nappée de sa buée, la ferveur s’effrite comme une moule devant un vin de Moselle, toutes les bonnes résolutions s’évanouissent comme les volutes de la fumée d’une gauloise dans une brise fraîche.
Un cerveau qui n’a que ces obsessions en tête, il peut pas fonctionner correctement.

Il a été décidé d’un commun accord entre tous les toumoubilistes que feu rouge, stop, ligne jaune, priorité n’étaient qu’inventions perfides de sataniques infidèles colonisateurs et heurtaient la sensibilité de notre pays devenu indépendant, surtout en ce mois particulier.
Par contre le klaxon doit être une invention arabe (encore une ) vu son usage intensif.

Tiens, un qui respecte un stop ? Et qui en profite pour piquer un petit roupillon.
Manque de chance, un autre qui suivait dans son gros 4x4 climatisé, a décidé lui de paisiblement somnoler, baigné par le flot de la circulation.
Ça loupe pas. Ça fait un grand « blang ».
Un vieux s’extrait de son antiquité à roulette, soudainement revenu à la réalité.
Un jeune descend du 4x4, pas très reluisant. Tente un timide : « constat ? »
L’ancêtre, ce qu’il constate, c’est l’arrière de sa vaillante Simca 1000 complètement défoncé.
Ça dégouline un mélange d’eau et d’huile, des soupapes choient sur la chaussée, des pistons pendouillent lamentablement.
Il lui prend une fureur épouvantable, au chibani. Le voilà qu’il se précipite sur le blanc bec qu’il asséne de féroces coups de cannes.
L’autre, réflexe impondéré face à cet assaut inattendu, prodigue à son adversaire un malencontreux bourre pif.
Lequel s’écroule, le tarbouif raisinant d’importance.
Des bonnes âmes surgies d’on ne sait où tentent de retenir l’un, de relever l’autre.
Ça s’agite, dans le tacot raccourci. Deux formes tentent de s’extirper du tas de ferraille.
Une fois l’opération réussie, on reconnaît deux mouquères, certainement les épousées du haj.
Autant celui ci est fluet, autant celles ci sont imposantes, calibre Brive la Gaillarde.
A la vue du sang, le leur ne fait qu’un tour.
Toutes griffes dehors, elles fondent sur le freluquet, lequel commence rapidement à ressembler à de la kefta pas fraîche. On s’interpose, on tire en arrière, on commence à s’énerver.
Très vite, tout ceci dégénère en un pugilat généralisé.
Les babouches écrabouillent, les tarbouches volent, ainsi qu’un flot d’insultes du genre : «Amar (équidé à longues oreilles), zamel (adepte de la sodomie), ould kahba (rejeton de femme légère et de mauvaise vie), diel mouk (sachez que j’avoue aux hégémonies la religion de votre génitrice.) » et bien d’autres encore moins racontables.

A l’ouïe de ce vacarme, trois agents de la circulation qui vaquaient au carrefour, avec un enthousiasme très modéré en une tentative de régulation de la circulation de divers véhicules, toumoubiles et carossas mêlées , décident de s’enquérir de la situation, matraques levées, ce qui ajoute encore à la confusion générale.

Bien sur, très rapidement la circulation est complètement bloquée. Concert de trompes.
Les premiers rangs viennent participer aux festivités, laissant leurs bagnoles en rade.
La moitié de la ville est paralysée.

Pas loin, deux compagnies de simi (CMI), plus connus par leur surnom de « massacreurs » cuisaient dans leur stafettes surchauffées à blanc dans le but de prévenir toute manif de « diplômés chômeurs » devant le parlement. On ne leur avait pas dit que les chômeurs étaient en vacances.

Une petite parenthèse s’ impose à propos des «simi » : Ils sont recrutés dans les orphelinats. En effet, l’ habitude est de mettre en avant des manifs des matrones d’ un certain âge, avec ces deux avantages : Vu leur calibre, ça amortit le premier choc, et elles supplient vite «Ne me frappe pas, je pourrais être ta mère. »
Supplique suivie rapidement d’ une brève réponse « Je suis orphelin » ainsi que d’ un choc sourd.

Mais revenons à nos vaillants pourfendeurs de troubleurs d’ ordre.
Ils décident qu’un peu d’exercice à l’air libre leur ferait le plus grand bien. Pas possible d’utiliser les canons à eau pendant ramadan, on va donc procéder à un nettoyage à sec.
On sort précautionneusement les longues zarouettas, on les astique amoureusement.
Et en avant.

Rien qu’à leur vue, une certaine accalmie s’empare des participants.
Les réjouissances risquent de tourner rapidement au mercurochrome et aux attelles.
Ça traîne pas à faire place nette.
En quelques minutes il reste plus sur le goudron fondant que quelques lunettes cassées, des débris de babouches, des morceaux d’oreille sanguinolents.

Et le pépère qui sanglote sur sa Simca 1000.
Marock
 
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